Sainte Revue
Petits tirages alignés. Vignettes rigoureusement horizontales, entre fil à linge et portée musicale : Laurent Briard propose sa « Revue » à l’atelier Artès.
Lents rubriquages autant que rassemblements patiemment réordonnés.
Parcimonieux dans sa parole, Laurent Briard est implacable dans son saisissement du monde tel qu’il lui apparaît dans ses tranquilles déplacements à travers Amsterdam.
Séries d’abandons, objets orphelins, cimetières bien ordonnés où s’oublient trois oranges incongrues, images décollées par les jours et l’oubli, cabanons un jour construits, désirés, utiles puis inutiles décatis.
Ce que personne ne regarde plus , n’attend ni ne soigne ou parcourt, Laurent Briard le relève saintement.
Puis y cherche des rimes. Autant que des photographies nous sont donc proposés des poèmes genre décasyllabiques et gymnopédies satiesques. Les indications de jeu d’Eric Satie pour ses Gnossiennes de 1890 telles « Seul, pendant un instant » ou « Conseillez-vous soigneusement » accompagnent facilement la Revue de Briard.
Chaque image de même valeur est méthodiquement connectée à ses voisines suivant toutes les articulations possibles : la couleur, la matière, le sens plastique, le cadrage, la composition.
Humble dans le ramassage, orgueilleux dans l’accrochage, c’est d’aujourd’hui, à Barbizon…
Julien Denoun, avril 2009